Encore un matin ni plus ni moins identique aux autres. La nuit embue encore mon esprit de rêves plus vrai que nature. La fatigue et les douleurs sont déjà présentes. Les pensées virevoltent intensément déjà sans que je puisse les saisir pleinement. Elles tissent sans fin une douce toile taraudante habillant ma vie. Toilette, appretage, empaquetage, conduite, travail, repas, travail, conduite, etc. ad nauseam.
Cette éternelle répétition est devenue la colonne vertébrale de mes jours. Jusqu'à l'inattendue d'une furtive rencontre d'un charme insolite.
Des yeux rivés sur un horizon morne se sont vus éclairés par d'inattendues et lascives coquetteries. Non sans peurs. Non sans heurts. Non sans erreurs. Et non sans bonheur. D'amoureuses attentions ont interrogé une vie solitaire et mirent avec rigueur à la question sa légitimité.
Dans les entrelacs de l'attrait se dessinent les valse-hésitations de la séduction qui oscillent entre l'envie et le désir de l'envie.
J'ai décodé les messages cachés derrière les échos de tes rires.
J'ai visité l'histoire de tes rides et j'ai respiré les parfums forgés par tes vies.
Et j'ai éperdument habité avec langueur tous les moments partagés.
J'ai organisé d'inespérées noces barbares.
J'ai baladé en secret mes mains sur tes moindres recoins.
J'ai composé un hymne licencieux de tes formes les plus intimes.
J'ai osé dessiner des plaisirs arabesques sur chaque millimètre de ta peau.
J'ai convoité ardemment chacune de tes attentions alanguies.
J'ai embrassé à plein bouche le contour réflexif des patientes lèvres que forment tes paroles.
J'ai serpenté incognito dans tes espaces de pensée les plus privés.
J'ai rêvé les yeux ouverts ce que j'avais depuis longtemps oublié.
Je me suis laissé submerger par surprise.
Je m'immisce bien au delà du seuil de ta vie en caressant le fol espoir d'être ta bienvenue inclinaison.
Je dessine sur tes ciels orageux les plus intimes de consolants baisers lascifs éperdus d'amour.
Je voudrais être fier et vaillant devant les débordements que tu provoques.
Mais je ne demeure qu'un enfant tentant un défi peut-être hors de sa portée.
Tu as retiré la nuit obscure de ma vie.