en:le_sursaut_des_mots

Les mots se plient à nos gesticulations intellectuelles, habiles serviteurs des vicissitudes des esprits des orateurs, penseurs et autres écrivains. Ils dessinent malicieusement et taillent avec un délice pervers nos pensées les plus intimes. Ils sont le premier souffle d’éructation du désir.

Ils ne s’apprivoisent pas facilement, farouches, sauvages mais aussi tendres et malléables. Le roi de leur tour de Babel est déchu depuis longtemps. Un trône vide de souverain attend depuis des siècles le séant d’un remplaçant qui ne vient pas. Et qui ne viendra pas.

Le règne des mots n’a plus de roi, ni d’empereur, ni de tyran, ni de président. Ils restent sans maîtres ni dieux emprisonnés dans leur tour aux murs poreux. On peut traverser les murs mais juste pour venir entendre leurs murmures, pas pour partir avec eux. Ils vivent plusieurs vie en une seule, chacun de leurs visiteurs s’emparant momentanément de leur musique qu’il espère faire chanter sur sa partition, les faisant participer à une nouvelle partouze de verbiage plus ou moins heureux.

Mais ils reviennent toujours dans leur tour, libre prisonnier de leur asservissement momentané.

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